Une nuit d'hiver, au nord de l’île d’Arakas, le premier des nôtres était né… L’histoire de ses origines remonte à une époque si ancienne que seules les légendes racontées par les anciens subsistent. Je vais vous conter celle qui m’a paru la moins extravagante.
La légende du Premier
Situé loin des autres grandes cités, à l’emplacement de l’actuel Asile, existait autrefois un mystérieux village dont le nom tomba dans l’oubli. Ce hameau avait été érigé par quelques nomades désireux de créer une sorte de refuge ou ils pourraient reprendre des forces avant de continuer leur route. De nombreux voyageurs y faisaient halte pour échapper aux nombreux brigands et monstres que compte cette région ou simplement pour s’y reposer. Certains, n'étant plus désireux de multiples expéditions, y établirent leur foyer. Ainsi, la population de cette bourgade s'accroissait au fil des saisons. Rapidement les caravanes de marchands se mirent à circuler dans cette contrée encore sauvage.
Mais la glacial et mortelle saison arriva plus tôt que prévu. En l’espace de quelques jours, un vent d’une violence rare abattit sur tout le pays un épais manteau de glace. Pris par surprise, beaucoup de caravanes de commerçants en transit se retrouvèrent paralysées et ils se virent contraints d’abandonner sur place leurs marchandises.
Ainsi, la modeste bourgade du nord était condamnée à ne plus recevoir d'assistance et devrait dorénavant puiser dans ses maigres ressources pour survivre. Pris de cours par cette situation soudaine, les habitants n’avaient pas eu le temps d’amasser une quantité de vivres suffisante pour subvenir aux besoins de toute la communauté. La famine allait s'abattre lentement, inexorablement…
Si la faim n’avait pas raison des plus faibles, le vent glacial se chargeait de les emporter. Il fallait faire quelque chose ou personne n’allait en réchapper. Les sages de la cité se rassemblèrent, et décidèrent d’abandonner cette région pour tenter de rejoindre, dès qu’une accalmie le permettrait, la principale ville du sud ; LightHaven.
Trois longs et meurtriers jours passèrent, la neige cessa de chuter et les habitants profitèrent de cette opportunité pour s'éloigner péniblement de leurs terres. La nuit venait de tomber, les villageois étaient déjà bien loin lorsque le vent se remit à hurler avec fureur. Le bruit qu’il faisait… ce bruit avait quelque chose de malfaisant, de mauvais, de divin... Il semblait qu’un millier d’âmes terrorisées criaient à la mort… Les villageois furent pris de panique et songèrent à rentrer. Mais trop de chemin avait été parcouru pour rebrousser chemin, il fallait continuer. Ils étaient pris au piège. Les rafales glaciales dépeça les faibles au bout d’une heure à peine. Avec l’obscurité et le blizzard opaque, s’est à peine si on distinguait la silhouette de la personne devant soi. Nombre de villageois s'égarèrent et périrent seuls dans les ténèbres, leurs cris emportés par le vent. La masse était désorganisée et tous s'apprêtaient à sombrer.
Parmi les futurs ombres, un jeune homme se tenait debout… Ses parents qui venaient de succomber. Il demeura ainsi pendant un temps qui sembla être une éternité. Le jeune homme observait le linceul blanc recouvrir les malheureux lorsque, dirigeant son regard vide vers l'horizon, il mis un moment à réaliser qu’une forme au loin ressemblait étrangement à une charrette, sans doute abandonnée par un marchand. Il poussa un cri d'espoir et se dirigea vers l'abri de fortune. Alertés, ceux dont les membres n'étaient pas encore gelés, purent le suivre. Le garçon y découvrit de maigres vivres conservés par le froid dans un coin de la charrette. Ainsi, les quelques survivants y demeurèrent quelques jours, à l’abri des bourrasques meurtrières. Trois jours et trois nuits passèrent…
A l’aube du quatrième jour, quelques rayons de soleil parvinrent à percer l’épaisse voûte nuageuse. Ils prirent le peu de denrées encore comestibles et partirent de leur refuge pour tenter de rejoindre leur destination finale. Le sol était toujours couvert d'une épaisse couche de neige. Chaque pas demandait un effort surhumain. La nature voulait retenir ses proies…. Le brave garçon commençait à s'épuiser fortement et demanda de l'aide auprès de ses compagnons, mais constatant qu’il allait inévitablement les ralentir, ils laissèrent le garçon dans sa souffrance et continuèrent leur chemin. Abattu, il luttait pour les suivre mais leurs silhouettes semblaient déjà s’effacer dans la brume. Il hurla de désespoir une dernière fois et compris qu’il serait désormais seul pour affronter la mort. La nuit tomba; le froid redoublait d'intensité…
Il se réveilla en sursaut au beau milieu de la nuit. Il avait fait l’erreur de s'assoupir... Il ne pouvait plus bouger, le froid avait eu raison de ses membres. Son heure était proche. Il était dans une sorte d’état second que l’on rencontre parfois quand on se trouve dans des situations extrêmes de survie. Soudains il se surprit à psalmodier des incantations dans une langue inconnue : "Hep'tha Hiok Ogrimar Az'rehï !". Ce langage semblait ne plus avoir été parlé depuis les temps immémoriaux. L'origine de cette langue est si primitive qu'elle semblait remonter bien avant les civilisations antiques des Nains ou même des Elfes. Mais sans connaître le sens exact de chaque mot, il compris la signification de l'incantation. C'est comme si les sons généraient directement des images dans son esprit. Il était en train de seller un pacte avec Ogrimar, Dieu du Chaos ayant engendré ce monde. Ainsi, il pourra survivre aux assauts du froid et de la neige et assouvir son désir de vengeance. Mais en échange, son âme ainsi que celles de tous ses descendants, seront à jamais liées au Dieu Ogrimar… Qu'il en soit ainsi !
Et les cieux se voilèrent soudain, et tout se figea un instant comme si le temps s'était brutalement arrêté. Il faisait nuit noire mais pourtant une clarté surnaturelle émanait d'un endroit que bizarrement il était impossible de situer. Cette lumière se mis à vibrer jusqu'à ce qu'on puisse l'assimiler à une sorte de son subliminal. Puis le jeune reçu ce message d'une clarté limpide : "Tu te nommeras désormais Iptote'n Saira !" dont le sens global veut dire : "celui qui m'est lié". Un flash aveuglant le sorti de son état léthargique et il sentit à nouveau le blizzard glacial lui geler les os. Il parvint péniblement à se lever et se remis en marche. Au fond de ses yeux on pouvait y voir les flammes brûlantes de la vengeance. Désormais, c’est sa haine qui lui donnait la force de continuer…
--Message edité par isawa saira--
Vengeance
Voilà maintenant presque une semaine qu'Iptote'n a élu domicile dans une grotte à l'ouest de Lighthaven. Dès la nuit tombée, il sort de son refuge et retourne dans la ville pour y voler de la nourriture en essayant de ne pas se faire repérer. Il a également pris soin de noter où résidaient ses anciens compagnons du nord. La nuit prochaine, c'est décidé, il passera à l'attaque…
Ce soir là, toute ville s'était assoupi tard, comme si les habitants avaient pressenti la menace qui planait sur eux les forçant à rester éveillés. Une fois toutes les lanternes éteintes, il se faufila furtivement dans chaque maison où résidaient ses proies. A dix-huit reprises, il s'approcha de sa victime assoupie et abattis sa lourde masse sur leur crâne qui explosait littéralement sous la violence de l'impact, répandant sur lui et sur les murs les éclats ensanglantés. Il se dirigea, une fois sa morbide tâche accomplie, vers le Temple de la ville pour y inscrire son nom en lettre de sang sur l'autel, en hommage à son Dieu. Le lendemain, toute la ville était pétrifiée devant la férocité de cet acte. On appela la Garde Royale qui se mis activement à la recherche du dénommé Iptote'n Saira.
--Message edité par isawa saira--
Descendance
Ne pouvant désormais plus s'éterniser dans ces lieux, il quitta Lighthaven pour se réfugier à WindHowl. Il croisa lors de son voyage de nombreux monstres, les esquivant au possible ou les combattants si nécessaire. Deux jours plus tard, il parvint aux portes de la citadelle.
Iptote'n parvint à acquérir une chaumière au prix de nombreuses pièces d'or volées. Plusieurs jours paisibles passèrent lorsqu'un jour on frappa énergiquement à sa porte d'où surgi une femme essoufflée. Elle s'engouffra dans la pièce et supplia Iptote'n de fermer la porte. Ses paroles furent suivies d'une rafale de flèches qui manquèrent de peu le Saira. La femme était poursuivie par les Gardes Royaux pour de nombreux vols dans la région. Les deux durent immédiatement s'enfuir de la ville pour gagner au plus vite et les hautes herbes des campagnes environnantes où ils pourraient se cacher. C'est en ces champs que le couple se fraternisa, partageant la même amertume. Ils décidèrent de se lier l'un à l'autre sous la tutelle d'Ogrimar, le dieu que chacun apprit à servir dans le secret… Les époux fondèrent un foyer et apprirent à leur descendance les mêmes valeurs que celle auxquels ils croyaient. Ainsi, tous porteront en eux cette haine ancestrale, source inépuisable de puissance pour combattre à jamais ceux qui les offensent et qui les ont offensé…
Des siècles passèrent, des générations se succédèrent…
--Message edité par isawa saira--
Apogée - Déclin - Renouveau
La suite de l'histoire de la vie d'Iptote'n reste mal connue. Quant à sa mort, des légendes insensées affirment qu'Iptote'n serait toujours en vie, son pacte lui donnant une quasi-vie éternelle. Il aurait également acquis durant tous ces siècles, la capacité de se libérer de son enveloppe charnelle pour n'être plus qu'énergie pure et ainsi accéder au pouvoir ancestral du voyage entre les mondes et le temps. Quoi qu'il en soit, si cela était avéré, son interaction avec notre espace-temps actuel serait devenue extrêmement improbable.
Quant à l'histoire de sa famille et descendance, elle se perd durant l'époque troublée et sombre des guerres fratricides. On retrouve les traces de l'existence des Saira dans les registres royaux, il a seulement une trentaine d'années, depuis que le Roy a ordonné la consignation par écrit de tous les actes portant atteinte à la couronne. On y apprend ainsi que la famille Saira prospérait en vivant de pillages et de contrebande. Leur campement était installé au cœur des montagnes inexplorées du Nord ce qui le rendait difficilement localisable. Bon nombre d'espions furent envoyés à travers tout le pays pour tenter de le trouver. Leurs recherches restèrent veines jusqu'au jour où un espion fort talentueux réussi à pister les traces d'un petit groupe de Saira jusqu'à leur repère.
Une semaine plus tard, c'était toute une unité de gardes royaux qui étaient en route. Ils atteignirent le camp à la tombée de la nuit et préparèrent soigneusement leur attaque. On pouvait encore entendre les rires des enfants qui courraient autour du feu. Les parents venaient de finir de dîner et étaient encore attablés à discuter bruyamment des dernières nouvelles obtenues par les éclaireurs en vue de préparer le pillage d'un convoi qui partiraient demain de Windhowl. Elwing Saira, une des prêtresses chargée de guérir et de protéger les guerriers, se leva pour aller séparer ses enfants qui étaient en train de se chamailler. Elle saisit le frère et sa sœur par les bras et leur fit la morale : "Vous ne pouvez pas vous conduire comme des grandes personnes ?! Il faut que vous compreniez que…". Un craquement fit sursauter les enfants. Une flèche avait transpercé l'œil droit d'Elwing et fracassé l'arrière de son crâne. Elle s'écroula comme une vulgaire poupée de chiffons. La fillette n'eue même pas le temps de réaliser que ça mère était mortellement blessée qu'une seconde flèche lui arracha tout le côté gauche du visage. Presque au même instant, un troisième flèche se figea dans le thorax du petit frère, projeté en arrière sous la violence de l'impact. Une pluie de flèches acérées s'abattis sur la petite communauté, mutilant un nombre effrayant de combattants. Puis les gardes royaux chargèrent en en implorant Artherk de les aider à exterminer ces chiens de serviteurs d'Ogrimar.
La bataille fût sanglante et sans pitié… Les hors-la-loi combattirent brillamment mais succombèrent, inférieurs en nombre. Aucun ne fut épargné, quel qu'il soit. Les quelques prisonniers, dont une majorité de femmes et d'enfants, furent lâchement égorgés dans l'hilarité générale des gardes encore ivres de leur victoire écrasante. Une poignée de Saira parvinrent à échapper au massacre en s'enfuyant dans la pénombre. Mais le capitaine de la garde renonça à entamer les poursuites dans ces forêts maudites, laissant le soin aux gobelins et autres créatures impies de finir le travail. Ce fût sa seule erreur. Il sous-estima leur excellente connaissance de la région et de ses dangers, ainsi que leur légendaire instinct de survie forgé durant tant années. Ainsi, les quelques survivants, complètement désorganisés, se dispersèrent aux quatre coins du continent et on entendit plus parler des Saira pendant de longues années.
Mais jusqu'à quand…
Par delà les distances et le temps, un lien sacré les unis pour qu'enfin son règne soit.
--Message edité par isawa saira--